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Léger repli des prix du blé, le colza sous la pression du pétrole

La baisse des exportations et l'offre russe importante continuent de faire pression sur les cours des blés et des orges françaises.

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des céréales, oléagineux et protéagineux, nous livre son analyse hebdomadaire.

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Le ralentissement des exportations et l’abondance de l’offre russe font toujours pression sur les cours des blés et des orges français. La mise en place progressive d’un corridor maritime unilatéralement géré par l’Ukraine redonne de l’optimisme aux marchés quant à l’écoulement des stocks ukrainiens. Le cours du colza est sous la forte pression du marché pétrolier et des mauvaises perspectives économiques mondiales.

Les prix du blé marquent le pas

Les prix des blés français ont baissé sur une semaine. Le blé tendre rendu Rouen a reculé légèrement de 2 €/t, à 228 €/t (base juillet), tout comme le blé rendu La Pallice. Le blé Fob Rouen en dollars a perdu 2,4 $/t, à 248 $/t. Les cours des blés français ont baissé sous l’influence d’exportations ralenties par rapport à l’an dernier. Sur le mois de septembre, les exportations vers les pays tiers ont atteint près de 0,63 million de tonnes, contre 1,27 million de tonnes l’an dernier.

Les prix français sont également sous l’influence des disponibilités russes, qui exercent une forte concurrence, notamment vers l’Afrique du Nord. Les prix des blés russes à 11,5 % et 12,5 % de protéines ont baissé de 5 $/t, se situant respectivement à 232,5 $/t et 237,5 $/t Fob Novorossisk. Aux États-Unis, le blé HRW a régressé de 14 $/t, à 314 $/t, en raison d’une récolte de blé américaine meilleure que prévu. L’USDA (ministère américain de l’Agriculture) a en effet revu en hausse son estimation à 49,3 millions de tonnes.

En mer Noire, un nouveau corridor maritime est en train d’être établi unilatéralement par l’Ukraine, le long des côtes roumaines et bulgares à destination du port d’Odessa. Trois navires ont réussi à exporter des céréales à partir de ce port et douze attendaient d’y accoster. Cet élément donne davantage d’optimisme quant à l’écoulement des stocks ukrainiens et tend à diminuer les prix du blé et du fret maritime dans cette région. En Allemagne, les prix du fret sont plus élevés sur le Rhin, au sud de Duisbourg et de Cologne à cause d’un niveau des eaux trop bas. Des surtaxes ont été ajoutées et les navires ne peuvent passer qu’à la moitié de leur capacité dans certaines parties du fleuve.

Au début du mois d’octobre, la campagne de semis des blés d’hiver pour la récolte de 2024 a déjà commencé. En Ukraine, 25 % des blés étaient semés au début d'octobre, avec des intentions de semis en hausse. Néanmoins, le temps sec actuel pourrait compromettre les levées. Il en va de même plus à l’ouest en Europe, où un retour des pluies est souhaitable, notamment en France.

Les disponibilités des orges russes font pression sur les prix

Sur une semaine, le prix de l’orge fourragère française rendu Rouen a légèrement baissé, à 209,50 €/t (–1,5 €/t). En dollars, l’orge Fob Rouen perd 6 $/t, à 225 $/t. Les cours français ont suivi la baisse de prix des orges russes (–10 $/t), qui restent de loin les plus compétitives. Avec une récolte avancée à hauteur de 91 % et annoncée à un très bon niveau, les prix russes ont en effet baissé au cours de cette semaine, à 167,50 $/t Fob Novorossiysk.

Comme pour le blé, la mise en place progressive d’un corridor maritime unilatéralement géré par l’Ukraine depuis le port d’Odessa rassure dans une certaine mesure les marchés. Au niveau des flux, la France a ralenti ses exportations d’orges vers la Chine en septembre, avec 315 000 tonnes, comparativement aux 585 000 tonnes du mois d’août. C’est un rythme qui reste tout de même très soutenu par rapport à l’an dernier. La Russie a par ailleurs exporté un volume record de 3 millions de tonnes depuis le 1er juillet. Ces flux ont fait fortement concurrence à l’origine européenne sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Dans le secteur brassicole, l’orge d’hiver Fob Creil augmente de 1,5 €/t en une semaine, à 230 €/t. La demande pour ces orges de qualité spécifique soutient les prix alors que les disponibilités sont faibles. En revanche, l’orge brassicole de printemps Fob Creil baisse de 7 €/t, à 278 €/t. Malgré cette baisse, la prime brassicole de printemps reste élevée, soutenue par les mauvaises récoltes, soit déjà réalisées, soit à venir, en Europe du Nord, au Canada et en Australie.

Le prix du colza chute à la suite du pétrole

Le prix du colza français rendu Rouen a perdu de 15 €/t sur la semaine, à 440 €/t, tout comme le contrat sur novembre 2023 sur Euronext (à 444 €/t). La diminution des cours du colza s’explique principalement par le net repli du prix du pétrole, qui a perdu 9,3 % sur la semaine.

La chute de l’or noir s’explique par les inquiétudes liées à la demande, ainsi que par l’augmentation considérable des stocks d’essence aux États-Unis. Sur la dernière semaine de septembre, les livraisons d’essence aux États-Unis étaient à leur plus bas niveau depuis 25 ans pour cette période de l’année, selon les chiffres publiés mercredi par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA). La situation économique mondiale demeure morose, et les craintes d’une éventuelle récession en 2024 s’accroissent dans un contexte de forte inflation et d’augmentation des taux d’intérêt.

Sur le plan des fondamentaux, les fortes disponibilités en graines et en huile de colza continuent de comprimer leurs prix. Nous avons par ailleurs ajusté à la hausse la récolte européenne de colza à 19,5 millions de tonnes en raison des meilleurs rendements constatés dans plusieurs pays. La production est maintenant estimée à un bon niveau, équivalent à celui de la campagne précédente.

Au Canada, malgré le bon avancement des moissons, le cours du canola est resté ferme sur la semaine. Il a même progressé de 2 à 3 $/t selon les contrats, soutenu par la bonne demande à l’exportation d’huile de canola de la part des producteurs de biodiesel aux États-Unis. En Australie, les températures élevées et le déficit hydrique marqué dans le sud et à l’est du pays, conséquence du phénomène El Niño, devraient fortement impacter les cultures de canola en cette période cruciale pour les rendements.

Nette baisse des prix du tourteau de soja

Sur la semaine, les prix mondiaux du tourteau de soja se sont nettement affaissés. À Chicago, ils ont perdu 21 $/t, à 412 $/t pour le contrat d’octobre, et 15 $/t, à 416 $/t pour celui de décembre. En effet, la moisson de soja aux États-Unis progresse rapidement, avec 23 % des surfaces récoltées au 1er octobre, contre 20 % l’an dernier à la même période, selon l’USDA. Parallèlement, les conditions des cultures du soja se sont quelque peu améliorées. La part des parcelles jugées « bonnes à excellentes » a augmenté de 2 points sur la semaine, à 52 %.

La baisse des cours à Chicago a été accentuée par des ventes techniques de la part des fonds spéculatifs, dues aux craintes persistantes sur la croissance économique mondiale. Les pluies annoncées pour les prochains jours, qui risquent de retarder les récoltes de soja aux États-Unis, n’ont pas permis d’atténuer la chute des prix.

Par ailleurs, les semis de soja débutent au Brésil, avec 5,2 % des surfaces semées la semaine dernière, contre 3,8 % l’an dernier à la même période, selon AgRural (cabinet de conseil agro-industriel). Les semis avancent surtout dans l’État du Paraná, au sud du Brésil. Cependant, le manque de précipitations et les températures élevées rendent encore les semis difficiles dans le Mato Grosso, le plus grand État producteur de soja.

La tendance a été aussi nettement baissière sur le marché français. Le prix du tourteau de soja a cédé 15 €/t, à 480 €/t à Montoir, dans le sillage des cours mondiaux. Cela est également dû à la faible attractivité du tourteau de soja dans les rations animales face au blé fourrager.

À suivre : récoltes de maïs et de soja aux États-Unis, conditions de cultures en Australie et en Argentine (céréales, colza), semis de soja et de maïs en Amérique du Sud, exportations de l’Ukraine et de la Russie, prix du pétrole, conjoncture économique mondiale.

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